MATERNITE: Un désir réel ou un besoin social?

 Je n'ai pas souvent été confrontée à la maternité, même si cela concernait des proches, j'ai toujours été dans ma bulle et pris du recul par rapport à toute cette agitation. Bien que j'ai été moi-même un jour un enfant, je ne cesse de me demander pourquoi on fait des enfants. Parfois je suis effrayée de me poser cette question, suis-je vraiment une femme? Est-ce le féminisme qui me gagne? Suis-je juste atteinte d'une forme de déséquilibre qui m'empêche de ressentir les choses "correctement"?

Je ne crois être dans aucun de ces cas mais peut-être que je le suis et ne le sais pas. Ayant grandi dans la foi chrétienne au sein d'une famille africaine et "africanisée", la maternité est considérée comme une grâce, une chance et beaucoup de mes amies si ce n'est toutes tendent à me le rappeler d'autant plus que l'âge commence à être important, mon horloge biologique a mis en marche son compte à rebours. Mais bien que je comprenne les préceptes religieux sur l'importance d'une progéniture et ceux africains basés sur la richesse humaine, je ne cesse d'être sceptique à ce propos. Peut-être comme on a tendance à me le dire, je réfléchis beaucoup.

Si la création de la vie vient de Dieu alors "se multiplier" y trouvait tout son sens, selon moi c'est la croyance des hommes qui renforce le mythe  alors les rendre plus nombreux donnait certainement plus de "serviteurs" à la cause et donc faisait grandir son pouvoir. J'avoue que c'est limite blasphématoire comme réflexion mais bon... Ensuite la famille africaine est nombreuse pour satisfaire les égos des uns et des autres qui estiment que la capacité à engendrer une progéniture et perpétuer leur nom, les mettent au dessus de la mêlée, je pense aussi que c'est une question de main d'œuvre bien que cela est de moins en moins fréquent, les tâches assignées aux enfants dès leur plus bas âge chez certains donne l'impression que la procréation pour eux était le seul moyen d'avoir une main d'œuvre "gratuite". Drôle de pensées quand on sait combien coûte l'éducation d'un enfant en moyenne... Parfois je marche dans la rue et dans les marchés et je vois des enfants qui auraient dû être à l'école, faire du commerce ou mendier carrément et ça me choque au plus haut point.

Pour me faire une idée plus précise, j'aurai voulu connaître des femmes qui ont choisi de ne pas faire des enfants pour savoir comment elles vivent la pression sociale d'une société SEXISTE qui ne définit la femme que par rapport aux autres: mari, enfant(s)... J'aurai voulu savoir comment et pourquoi cette décision, si elles ne le regrettent pas, comment elles le vivent même sur le plan familial mais hélas toutes les femmes que je connais n'ont que cette phrase à la bouche "Il faut faire des enfants.". Pourquoi il le faut? Est-ce le summum de l'accomplissement de soi? Vous l'avez sûrement compris ici, il y a probablement plus de questions que de réponses.

Pour ma part, mes convictions personnelles inhibent un certain nombre d'idées, surtout celles qui pourraient contribuer à me donner un sentiment d'infériorité parce que j'aurai choisi d'évoluer hors de la case dans laquelle la génétique m'a cantonnée. Pendant longtemps, j'ai décidé de ne pas avoir d'enfants parce que je n'acceptais pas être aux yeux du monde "bonne qu'à procréer" et plus tard, je me suis rendue compte que mon combat est beaucoup plus profond que cela, beaucoup plus personnel. Je possède deux traits de caractères qui ont un effet double sur ma perception de la maternité: la dévotion et la culture de l'excellence.

La dévotion a pour effet positif que si je décide un jour de donner la vie à quelqu'un, je lui donnerai ma vie aussi. Cela a l'air mignon pas vrai? Mais non... Je pense que la vie mérite d'être pleinement vécue mais surtout vécue pour soi. Vivre littéralement pour quelqu'un peut avoir une incidence positive mais j'ai assez écouté mes parents dire combien ils se sont "sacrifiés" pour nous que je n'assumerai pas de voir en mes enfants, un sacrifice, et me servir de ce genre de termes pour les culpabiliser afin qu'ils soient comme je le souhaite, non. Si j'ai des enfants un jour, j'aimerai faire les choses parce que je me dois de les faire, parce que c'est mon choix et les laisser faire leur choix sans craindre systématiquement d'avoir "ruiner mes sacrifices". Et pourtant la culture de l'excellence s'avère en quelques points antagoniste, si j'ai des enfants j'aimerai qu'ils soient meilleurs en tout et il se pourrait que le contraire soit pris comme un échec personnel. Cette pression je peux la vivre et la supporter mais est-ce que j'arriverai à ne pas la montrer et la transmettre? J'en doute. Alors que je l'ai dit précédemment, je ne veux pas que mes enfants si j'en ai un jour vivent pour moi. J'ai vécu une grande partie de ma vie pour mes parents, ça a été parfois très difficile à supporter, je sais ce que c'est que de vivre avec la pression de la réussite et je le prendrai comme un échec de faire vivre ça à d'autres. Mais quelque part n'est-ce pas cette dernière qui a fait de moi la personne magnifique que je suis?

Il n'y a pas de honte à ne pas vouloir d'enfants ou à avoir peur d'en faire pour quelques raisons qu'elles soient. Certains diront que ce questionnement, ces peurs et ces doutes sont normales et que c'est certainement eux qui feront de moi une maman d'exception. Mais suis-je vraiment prête à faire tapis pour tenter de "remporter la mise"? Il parait que quand on rencontre la bonne personne, toutes les peurs se dissipent. J'espère l'avoir rencontrer parce qu'il fera un merveilleux père, je n'aimerai pas l'en priver.

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